Cela faisait quelques siècles que je n’avais pas posté. J’ai donc eu la joie de découvrir à quel point j’avais plongé dans mon référencement (angoisse de bloggeuse de dimanche, va!)...
Donc je m’y recolle, j’ai plein plein de trucs à vous raconter, en plus.
Je passe à la trappe mea culpa et autres excuses que vous ne prendrez de toute façon pas au sérieux -sauf peut-être si je vous dis que j’ai passé les deux dernières semaines à faire l’amour avec Monica Bellucci, mais même pas.
En fait, j’ai bossé comme une damnée pour mon stage.
Du coup de goudou étudiante en école de com’, je passe au stade supérieur de goudou en milieu de travail.
C’est pas spectaculaire.
Le seul moment qui aurait pu l’être c’est quand, lundi dernier, après un week end très gay et très militant, j’ai lâché que je militais dans une «association qui lutte contre la discrimination des jeunes gays, lesbiennes, bi et trans» (en un seul mot, d’une traite, et toute rouge) pour expliquer mes cernes. Ma patronne n’a même pas sorti de couteau, elle m’a juste dit que c’était intéressant comme engagement.
Je suis un peu sur le cul, passez-moi cette vulgarité fugitive. Il faut savoir que nous autres, homosexuels militants qui lisons les bulletins d’infos de notre communauté, nous savons que par les temps qui courent, être homo et visible, c’est franchement pas drôle : mariages annulés, attaques homophobes, Vatican qui nous prend pour des pédophiles...On s’attend donc toujours, même si la personne en face est bienveillante, à une réaction négative. Et quand elle est positive, c’est toujours un peu décevant, bizarrement. On est content, bien sûr, mais tout de suite c’est bizarre, on ne sort pas de couteau. On est vraiment sur la défensive, c’est pas plus mal, mais du coup on est déçu quand on n’a pas à se défendre.
Donc mini-déception de militante vite épongée par une avalanche de recommandations pour la semaine à venir.
Mais pourquoi, me diriez-vous, ai-je trouvé bon de m’outer au travail ?
Je ne cherche pas vraiment l’hostilité (ma patronne aurait pu vraiment être homophobe et me virer....et j’aurai eu l’air con) pour mieux dénoncer son homophobie (dans le cas où sa réaction aurait été négative) ensuite. C’est une manière d’être militant, mais ce n’est pas ainsi que je conçois le coming-out dans l’optique militante. Car, l’outing au travail est, pour le coup, un vrai geste militant : c’est compter pour un homosexuel qui existe dans son lieu de travail, ne pas avoir à se cacher de peur d'être discriminé, et c'est quelque chose d'assez important aujourd'hui où beaucoup d'entre nous subissent des pressions au travail à cause de leur orientation sexuelle.
Le coming-out est une arme en ce qu’elle nous montre tels que nous sommes, et qu’elle surprend l’autre parce qu’il ne s’en doutait pas. L’autre comprend alors que ça ne change rien que son interlocuteur soit homosexuel. Cette fille, qui fait de si jolies plaquettes, se trouve être lesbienne. Elle reste performante dans son travail, ça n’a rien à voir.
En l’occurrence je savais qu’il y avait un risque minimum. Au pire des cas, elle m’aurait regardée bizarrement pendant toute la durée du stage. J’avoue, ça n’aurait pas été génial pour l’ambiance de travail, mais ça aurait été faisable.
En m'outant je veux juste dire : j'existe en tant que je suis dans ce groupe social qui s'appelle les homosexuels et ce n'est pas si terrible, ça ne change rien. Mon message est simple, en fait : exister, pour ce que je suis, et non derrière un masque. Ça peut prévenir d'éventuelles maladresses, et surtout son étonnement face à des phrases comme : "Je viendrai au colloque avec ma petite amie". C'est une manière de clarifier les choses et de ne pas avancer masqué. Je ne lui ai pas non plus raconté mes parties de jambes en l'air et je ne serai jamais amenée à les lui raconter, hein. Juste dans ma tête et dans la sienne, les choses sont claires, on sait à qui on parle.
C'est moins une question d'étiquette qu'une question d'existence. Dire qu'on est homosexuel, encore aujourd'hui, c'est s'arroger le droit à exister qui ne nous est pas forcément donné à la base.